Rose ou noir ?

Vous croyez aux prédictions de votre signe zodiacal ? Moi non. Quand il m'arrive de lire les prévisions du deuxième décan du signe des gémeaux, c'est en principe pour me fendre la poire. Par contre, j'ai comme le sentiment que dans chaque signe l'on retrouve beaucoup de lignes de caractères et similitudes à appréhender les choses de la vie : les béliers seraient donc fonceurs et réagiraient par instinct, etc...etc...

Le gémeau aurait deux personnalités ; ou plutôt "a" une double personnalité. Et sur ce point ma femme pourrait vous le confirmer. Pour vite résumer la situation, autant je pense être relativement agréable à vivre en faisant preuve d'enthousiasme, d'énergie et aussi d'humour (vous me connaissez tous comme ça) ; autant je peux me refermer comme une huître, devenir désagréable et ne plus décrocher un mot avec la certitude que j'ai toutes les bonnes raisons pour agir de la sorte.

Notre petite randonnée familiale d'hier aurait pu servir de miroir à ces deux facettes du gémeau.

 

***

Le côté obscur de la force :

Alors que je suis le premier sorti du lit vers 8h00 ce dimanche matin, je m'empresse de préparer avec entrain - mais dans un silence absolu  - les tartines de toute la famille (sauf Titouan en villégiature chez ses grands-parents). C'est Madame qui me rejoint quelques minutes plus tard pour finir les préparatifs alors que le plus petit arrive et saute sur la télécommande de la TV pour voir son habituel dessin animé. Ma femme et moi prenons notre petit-déjeuner en l'avisant qu'il ne regardera pas son dessin animé en intégralité. Sur l'entrefait, le plus grand se réveille aussi. Ce n'est pas la télécommande qu'il vise, mais son téléphone portable. Même avis que pour son cadet, dans 5 minutes il déjeune.

Mon café et mes tartines avalés tranquillement, je passe par la salle de bain et m'habille. Le soleil est au rendez-vous et alors que nous pourrions quasiment tous être prêts pour profiter de cette belle journée printanière, je profite du temps d'attente qui se présente pour m'occuper de mon poulailler à nettoyer et pour nourrir mes 3 galinettes qui y vivent. Une bonne demi-heure plus tard, tout le monde s'est restauré, mais la TV est toujours allumée... Je prépare donc le sac à dos avec un petit en-cas car nous devrions être de retour au plus tard vers 13h. Dix minutes plus tard, seul le petit est encore scotché devant la TV. J'aide alors Madame aux derniers rangements ménagers afin de retrouver une maison en ordre à notre retour.

Après avoir mis quelque peu la pression sur le cadet (en fait la pression je l'ai carrément exercée sur le bouton d'alimentation de la télé, ainsi pas de discussion ; le message est clair tout de suite), celui-ci termine de se préparer et nous prenons la route pour Pont-Du-Loup. Initialement c'était le Cap-Ferrat prévu, mais en ce jour de course cycliste "Paris-Nice", mieux valait éviter ce coin. J'optais donc pour une destination plus proche même si moins facile pour des enfants : "le Chemin du Paradis" pour monter à l'un des plus beaux village de France : Gourdon.

Nous quittons la maison à 9h30 et faisons une escale à la boulangerie de quartier pour acheter le complément de casse-croute. Morceaux de pizza, coca aux légumes et friand à la saucisse. Il n'y a que l'aîné pour opter pour un panini. A cet heure, la machine devra chauffer puis le panini griller : Encore 15 minutes de perdues.

Nous commençons à marcher à 10h00. Tout le monde a la banane, mais il est vrai que la pente est rude et je regrette déjà mon choix. J'ouvre la route afin de donner le tempo, c'est à dire très lent. Après 30 minutes de randonnée, les pauses commencent à se succéder ; tantôt pour boire, tantôt pour souffler un peu, tantôt pour assouvir un besoin naturel. Après 3/4 d'heure, le bureau des complaintes est ouvert : "c'est trop dur", "j'ai mal à la tête", "j'ai mal aux pieds", "il fait trop chaud", "j'ai faim", "j'ai soif", "je suis fatigué", "c'est encore loin Gourdon ?", etc... A force de simulations d'essoufflement pour l'un et de pauses "je-m'assois-n'importe-où-et-le-plus-souvent-possible" pour l'autre ; le rythme de l'ascension ; même lent ; est complètement coupé. Même la promesse d'une bonne glace artisanale à Gourdon ne les encourage plus à poursuivre ; y compris avec une proposition de ne pas redescendre à pieds arrivés au sommet, mais en voiture grâce à un "Papa-Taxi".

Nous optons pour une pause déjeuner avant de redescendre en activant l'option "Advil" que Madame a eu la très bonne idée d'emmener. Manger un morceau au soleil est agréable, mais lorsque nous tournons les talons, l'aîné pose douloureusement le pied par-terre. Après quelques mètres, il semble vraiment souffrir. Le temps que le médicament fasse effet, nous rejoignons le Canal du Foulon et décidons alors de nous séparer. Madame et le blessé rentrent par le chemin du canal, plus long mais moins pentu et surtout moins accidenté ; tandis que le petit redescend avec moi vers la voiture. Objectif : nous rejoindre au bout de l'aqueduc sur la route qui mène au village perché.

Après 5 minutes de descente, je me rends bien compte que "boucle d'or" n'en peut plus. Ses pieds dérapent à chaque caillou et je décide de le porter afin d'abrégé son calvaire et d'éviter une entorse. Tantôt sur mon bras droit, tantôt sur mon épaule droite, tantôt sur mon bassin droit. Jamais du côté gauche afin de soulager mon genou. En 25 minutes nous sommes à la voiture. Dix de plus et nous nous garons au point de rencontre. Un coup de fil à Madame pour savoir où ils en sont et nous prenons la décision d'aller à leur rencontre car ma femme ne connait pas l'itinéraire et je crains pour le passage dans une propriété privée où un chien de garde pourrait causer quelques problèmes.

Il pleut désormais. J'ai pensé à récupérer une veste de plus dans le coffre de la voiture, ainsi que deux bâtons télescopiques de randonnée afin de soulager l'aîné pour le chemin retour lorsque nous nous serons rejoints. Ce sera fait 20 minutes plus tard juste au niveau de la propriété...sans chien de garde, mais avec un véhicule garé dans le jardin et les volets de la maison ouverts. Nous nous sommes fait discrets et rapides pour les retrouvailles, même si Madame et son grand fil avaient les pieds complètement mouillés d'être passés par des tunnels aux sols détrempés.

Une demi-heure plus tard, nous retrouvons notre véhicule, la pluie a cessé. Les enfants sont fatigués, Madame est contente de rentrer pour un bon thé bien chaud et une après-midi à se poser un peu. Quand à moi je reste relativement déçu de ne pas avoir pu les emmener au sommet, d'autant qu'en regardant notre trace GPS une fois rentrés, je me rends compte que nous n'étions vraiment pas très loin du but.

 

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En chemin vers le Paradis...

Le soldat rose :

Le soleil brille de mille feux en ce dimanche matin. Le prunus de mon jardin est tout de fleurs roses paré. Alors que toute la maisonnée profite de ces quelques minutes de confort qu'offre le repos dominical, je prépare avec application et tendresse les tartines des miens. Aujourd'hui, nous avons décidé d'aller randonner un peu du côté du "Chemin du paradis", un superbe sentier aux multiples points de vue sur la côte d'azur qui mène au village tout aussi beau de Gourdon. Nous éviterons ainsi le trafic pour nous rendre à ce qui était initialement prévu pour notre ballade : le Cap-Ferrat.

Tranquillement, Madame et les enfants émergent de leur sommeil. Moi le lève tôt je m'occupe de mon poulailler, ce sera ça de moins à faire au retour où j'ai prévu de profiter d'un peu de repos et de regarder le sport français à la télé : Ecosse/France en rugby et surtout la Mass-Start du championnat du monde de biathlon avec la possible 5ème médaille de notre célèbre fondeur Martin Fourcade. Pour l'instant ce sont les enfants qui profitent d'un bon dessin animé, c'est leur habitude le dimanche matin : un réveil en douceur. Qu'ils profitent, ils auront bien le temps de s'exciter quand ils auront plus de responsabilités.

Nous quittons la maison vers 9h30 et passons par la boulangerie pour compléter le casse-croûte. J'opte d'ailleurs pour une belle fougasse aux olives noires. A 10 heures, nous commençons l'ascension vers Gourdon. Il y a fort longtemps que je n'ai emprunté cet itinéraire et je ne me souvenais plus de sa difficulté ; surtout pour deux enfants sous-entraînés à la marche dont l'un a disputé 2 matches de foot la veille et l'autre nous a réveillé en pleine nuit pour un début d'otite nous semble t'il. Par sécurité, Madame emmène la bouteille d'Advil et elle aura vu juste.

Nos enfants sont fatigués c'est une évidence. Afin de les booster un peu nous leur promettons une glace artisanale à Gourdon si nous y parvenons, mais même cette carotte ne fonctionnera pas. Après une heure de montée tranquille mais néanmoins éreintante pour eux, nous décidons de manger au soleil, profitant des panoramas et du soleil. Le grand nous signale qu'il souffre toujours de sa tendinite au talon d'Achille et le cadet commence à se plaindre de son oreille : médicament pour les deux ; mais cela ne suffira pas. L'ainé a du mal à poser le pied par-terre dans le sens de la descente. Continuer la montée est risqué car je ne sais pas combien de dénivelé il nous reste. Nous optons alors pour un retour par le Canal du Foulon pour lui et sa mère. Un itinéraire plus long, mais moins difficile car plat tout du long et sans caillasse qui roule sous les pieds. "Tête d'ange" et moi plongeons vers la voiture pour récupérer notre binôme au niveau de la fin de l'aqueduc, sur la route du village perché.

Le temps presse car le ciel s'assombri rapidement, nous ne sommes pas à l'abri d'une belle averse désormais. Le chemin est très accidenté pour les petites jambes du petit. Ses pieds dansent la samba sur les cailloux et avant qu'il ne se torde une cheville je décide de le porter. Tant pis pour mon genou gauche qui, je le sens, commence déjà à morfler. Mieux vaut mon genou que ses chevilles.

En moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire, nous arrivons à la voiture et remontons la route de Gourdon. Les essuies-glaces balaient le pare-brise dorénavant, et je ne peux qu'avoir des pensées vers ma femme et son grand footballeur qui marchent sous la pluie. Je récupère une veste et deux bâtons de randonnée restés initialement dans le coffre afin de les soulager quand nous les retrouverons. C'est fait après vingt minutes de marche plus tard. Nous les retrouvons les pieds trempés, non par la pluie, mais par les sols inondés dans les quelques tunnels qu'ils ont du traverser quasiment sans lumière. Heureusement, Madame avait son téléphone et nous nous tenions mutuellement informés de nos progressions.

Nous mettons dix minutes de plus pour retourner à notre voiture, n'osant accélérer le pas pour soulager le talon de l'aîné. Le médicament faisant tout de même son effet. Tous les quatre enfin assis confortablement dans notre véhicule, nous pouvions nous laisser aller à rêver d'une boisson chaude, d'un peu de repos et d'une fin d'après midi en mode "cocooning" comme on les aime après plus de 3 heures d'efforts.

 

***

 

Alors chers lecteurs ? Quel côté du gémeau préférez-vous ? Si rétrospectivement ce matin avec l'otite-bronchite de mon plus petit qui s'avère être réelle (il sort à l'heure où j'écris ces ligne du cabinet du docteur et vient de se faire délivrer une ordonnance pour 7 jours d'antibiotiques) je pense sincèrement qu'il a souffert sur cette randonnée et qu'il ne l'a pas montré à hauteur de sa souffrance. Chapeau sur ce point ! Mais le voir foncer sur la TV dès le réveil me met et me mettra toujours en rogne ; par principe. Le dimanche est le seul jour où je peux prendre le petit déjeuner en famille mais il est difficile de casser les habitudes des 6 autres jours de la semaine quand je ne suis pas là. Mon grand garçon de son côté entre dans sa période de puberté donc une fatigue générale due aux changement hormonaux s'installe certainement. Néanmoins il en rajoute une petite couche à mon sens car aux dernières nouvelles, il ne s'est plaint d'aucune douleur ce matin pour partir à l'école.

Du coup j'ai comme l'impression que mes deux discours tiennent la route. Quand je vous disais que le gémeau reste persuadé qu'il a toujours ses raisons pour faire la gueule. Sauf qu'hier, je ne l'ai pas fait. Pour le plus grand plaisir de tous.

;)

 

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