Hyde puis Jeckyll
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Je vais en oublier c'est sûr. Trop de bons moments ont été partagés hier avec mon frangin, Lilian et Matthieu. J'espère tout simplement qu'en me refaisant le film de la journée, les souvenirs resurgiront.
Vous êtes prêts ? C'est parti !
Nous attendions tous ce dimanche 28 juin de l'An de Grâce 2020 après J.C (et là je vous autorise à faire le signe de croix pour absoudre tous nos péchés !) pour une partie de golf ; que dis-je ! ? Un affrontement ; tellement nous étions motivés pour l'emporter les uns contre les autres. Comme toujours dans ce sport, le premier match à remporter est celui contre soi-même. Et s'il y a bien eu un vainqueur, nous avons tous lutté âprement contre notre propre jeu.
Je me réveillais dès 4h00 ce dimanche, au lieu de 6h00 avec la tête en diagonale. Le mojito de la veille avait laissé encore quelques traces. Mais quand Matthieu me rejoignait pour covoiturer vers notre point de rendez-vous avec les Mentonnais, j'avais déjà purgé mon corps de cerbère avec une bouteille de Saint-Yorre (parce que "Avec Saint-Yorre ; au golf, t'es le plus fort !"). Café sur le pouce avant de retrouver Arnaud et Lilian à la boulangerie de Saint-Martin du Var pour en reprendre un de plus. Je proposais de laisser une voiture sur place et de covoiturer à 4, mais mon frère préférait sans doute faire prendre l'air frais des montagnes à sa voiture. Je ne sais pas si l'air frais s'est aussi répandu dans l'habitacle de son Audi, parce que son copilote s'était mis en tête de commencer à putter. Et il a très bien putter toute la journée. Si bien et si souvent que certains d'entre nous en ont été déconcentrés sur le pas de tir.
À 9h00 nous étions au pro-shop pour récupérer nos clés de voiturettes, le temps que Matthieu s'échauffe (enfin "se rassure" plutôt ! Lui qui n'a pas touché un green depuis au moins 6 mois), et que tout le monde prenne ses dispositions pour que Lilian demeure le meilleur à putter ; dès 9h30 (pétantes ?) nous étions prêts à nous élancer pour ce premier tour de 9 trous. Prêts à en découdre, tendus comme des strings Brésiliens. J'ai osé un :
"On s'accorde un Moulligan ?"
Réponse unanime et "en coeur" des (pas)intéressés : "NON !!!". Je suis rentré dans ma bulle moi aussi. Place au jeu.
Je commence magnifiquement la partie, sous des yeux ébahis, craintifs, voire embués. Matthieu notamment qui vise une approche sur le drapeau du trou N°2 alors que nous n'en avons toujours pas terminé du N°1 ! (Oui, je sais ! Je ferai la même bourde au deuxième tour). Il se ressaisira très vite et jouera un peu en-dessous de son niveau par manque de régularité surtout. Le voir bâcher 2 trous, je crois que ça ne m'était jamais arrivé.
Lilian et Arnaud tentaient de limiter la casse et essayant de s'acclimater à l'herbe un peu plus haute que sur les fairways côtiers. Avec le recul, il me semble qu'il serait opportun de jouer avec un fer inférieur pour la même distance sur ce genre de surface, et nous avons tous fait la même erreur de chercher à tout prix à avancer, même si ça devait être dans le rought, alors qu'un coup de recentrage vers le fairway est toujours préférable. Une technique que j'appliquerai au second tour.
Au trou N°4, tout mon jeu s'effondrait. Il faut croire que j'étais parti trop fort. Mes compagnons reprenaient eux du poil de la bête, excepté Arnaud qui avait du mal à trouver son rythme mais qui ne désespérait pas.
Et puis ce fut le black-out.
Dès le trou 5, mon jeu partait en couilles. Désolé, j'ai pas d'autres mots. Et ça a duré 5 trous d'affilée. 10, 10, 10 10 et 10 ! Aujourd'hui encore, je n'ai aucune explication à ce qui m'est arrivé. Il n'est pas de mes habitudes de me sentir trop fort, surtout au golf. En deux petites années de pratique, j'ai déjà bien assimilé combien ce sport réserve des bonnes et des mauvaises surprises ; mais là 5 croix consécutives....Ça ne m'était jamais arrivé, même le jour où j'ai tenu un club dans mes mains la première fois !
Autant vous dire que j'attendais impatiemment l'heure du déjeuner en continuant de m'émerveiller devant la facilité déconcertante de Lilian pour putter. Court, long ; il a putter tout azimut ! Et je finissais la fiole de whisky à moi tout seul.
Notre premier tour terminé, nous prenions possession de notre table réservée en espérant que le changement de propriétaire serait bénéfique car quelque peu déçus l'année dernière avec une équipe sur le départ qui ne semblait se contenter du minimum syndical.
Apéro : bières pour tous, sauf pour moi qui continuais au whisky. Je devais oublier ma dernière heure de jeu et me re-concentrer sur ce que j'étais capable de faire en début de partie. Mais difficile de remonter la pente quand on est au fond du trou après y être tombé. Comme le soulignais Matthieu, il est bien plus facile de remonter du trou quand on y est depuis le départ.
Rosio, côte de veau, arabico, mousse-choco et digeot ; ici tout est bio et locaux !
14h20, le directeur du golf qui nous avait laissé libre de l'heure de reprise l'après-midi en nous informant que peu de monde jouerait l'après-midi, revient sur sa décision et nous presse d'aller jouer alors que nous avons déjà 20 minutes de retard sur l'heure prévue initialement. Forcément, le patron offre sa tournée, on peut pas refuser ! On fait l'effort, 10mn plus tard on est au départ du trou N°1. Malgré une décontraction toute retrouvée, je cogite encore beaucoup. J'évite une nouvelle et 6ème croix consécutive de justesse grâce un superbe putt de quasiment 2m. (Non Lilian ; "2 mètres", pas "deux minutes" !)
À partir de cet instant, j'ai récupéré mon jeu petit à petit. Au trou N°4 ; celui-là même qui m'avait plongé dans la Bérézina ; je ne me suis pas posé de question. J'ai fait abstraction de l'environnement en me disant que ce n'était qu'un vulgaire coup d'approche de 127m. Je shoote, ma balle se pose à l'entrée du green. Je pousse trop mes balles au putt, mais je le rentre en 5 sur ce Par 3 et continue d'engranger encore un peu plus de confiance.
Mon swing se relâche, je cherche moins la distance, juste à délier le bout de bois que je suis. Et j'y parviens ! J'enchaine 2 Pars d'affilés au trous 6 & 7, et manque le 3ème à cause d'un putt mal assuré sur le trou 8 où j'arrive sur le green en 2 coups seulement (299m) !
À cet instant, je me dis que je grignote peut-être mon retard sur Lilian et Matthieu qui font depuis le milieu de matinée la course en tête. Arnaud cherche toujours le bon rythme et ne cherche plus ses balles. Il a du mal à trouver un tempo, mais je me régale à nouveau de le voir analyser ses fautes alors qu'auparavant il pliait bagage et allumait une clope. Encore quelques cours avec Matthias et il pourra jouer chez nous comme il le fait en voyage au bout du monde !
Au trou 9, après un assez mauvais départ qui m'amène dans le rought à droite comme Arnaud et Matthieu (qui nous poussera à crier par deux fois "BAAAALLES" puisqu'un autre joueur est tout proche du point de chute au départ du trou 2 et aurait été en droit de penser qu'on le visait) ; j'hésite peu avant d'opter pour un recentrage vers le fairway qui m'amène presque en arrière ! J'ai retenu la leçon du premier tour le matin où au même endroit et en optant pour un gain de distance mais dans de l'herbe haute, il m'avait fallu.....10 coups pour mettre la balle au fond !
Je n'ai pas vu le second tour passer. Je devais sans doute être dans une espèce de bulle. L'heure était venue d'aller boire une bière. Ou plusieurs même peut-être ! Et de faire le décompte des points. Lilian l'emporte de 3 coups sur Matthieu : 115 contre 118. Mais "Remontada" échoue de peu : 125 coups. Arnaud un peu plus de 20 coups derrière. Il serait intéressant de comparer nos scores stableford. Je ne revendique pas la victoire, mais il est possible qu'en tenant compte de la difficulté de certains trous Matthieu l'emporte.
Bref, une excellente journée qui s'est terminée avec une nouvelle tournée de binouzes offertes par le patron du restaurant du golf qui remporte lui les suffrages sans contestations possible.
Je me suis régalé les gars. J'ai certes joué à Mister Jeckyll et Mister Hyde, mais je suis fier d'avoir réussi à redresser la mire et rempli mon objectif : faire mieux que mes deux précédentes prestations (134 et 131 coups bruts). Mon +14 au dessus du par me laissera un excellent souvenir aussi !
La lutte entre Lilian et Matthieu a été belle aussi car incertaine jusqu'au bout. Pour la première fois j'ai cru que Lilian allait s'énerver au trou N°1 lorsque sa balle a disparu du plein fairway. Matthieu était pourtant dans la même situation au même endroit quasiment ; mais il nous a à nouveau fait démonstration de son flegme tout britannique.
Promis Lilian, je ne parlerai plus au départ du 4. Par contre, tu ne putteras plus aussi facilement non plus ! ;)
Ma carte de score
Commentaires
Bertrand, j'ai lu, bien lu, bien bu, bien joué, j'avais même l'odeur du putter de Liliane, j'étais dans la partie, c'était un régal, j'ai même senti l'ivresse de la dernière bière la tournée du patron, c'était un très bon moment, c'est d'une écriture vivante, on est plongé dans le moment, on connaît les fameux personnages ( à l'exception de Matthieu, mais sans nul doute il doit ressembler à ses compères), le fumet du putter de Lilian, bref je me répète, ré- pète, un régal surtout quand on se trouve à quelques centaines de kilomètres des acteurs. Bertrand le narrateur, continue, tes mots sont précieux, tu nous fais rêver le moment présent, c'est si rare de nos jours, mais si important merci
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@Fredfantasgolfique : Merci Fred ! Putain ; tu veux que je verse une larme de si bon matin ? (5h24).
Ton commentaire me fait chaud au coeur. Je rédige un blog depuis 2007 ; rares sont les lecteurs qui prennent le temps de réagir. Souvent les amis proches, mais il y a tellement de canaux d'échanges pour cela, que les réactions sont éparpillées.
En tout cas celle-ci se place sur la première marche du podium des compliments !
Merci encore et à très bientôt j'espère. La bise.